Le Maroc et les Etats Unis signent un mémorandum d’entente pour lutter contre le trafic illicite des biens culturels
Le Maroc et les Etats-Unis viennent de signer un mémorandum d’entente pour protéger les biens culturels marocains contre le trafic illicite. Cette signature a eu lieu entre Mme la Secrétaire d’État Adjointe des États-Unis aux Affaires éducatives et culturelles, Marie Royce, et Othman El Ferdaous, Ministre de la Culture et de la Jeunesse et des Sports qui en a fait l’annonce sur son compte Facebook.
Othman El Ferdaous, Ministre de la Culture et de la Jeunesse et des Sports, en analyse le contenu et la portée du mémorandum maroc-américain.
Il s’agit du fruit d’un travail de longue haleine mené avec le concours du Ministère des Affaires Etrangères, qui prévoit des mesures procédurales pour lutter contre le trafic des objets archéologiques et ethnographiques du Maroc vers les Etats-Unis.
Cet accord constitue une étape importante dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, et fait partie d’un effort plus large en direction des pays du marché de l’art. La coopération bilatérale avec la France a permis au Maroc en octobre dernier de récupérer un lot exceptionnel de près de 25 000 pièces du patrimoine archéologique national ayant fait l’objet de pillage.
A la différence du patrimoine culturel matériel (monuments, site historique, objets archéologiques, pièces muséales, etc), le patrimoine immatériel n’est aujourd’hui malheureusement pas pris en charge par la législation actuelle. La définition du patrimoine immatériel ainsi que des mesures essentielles à sa sauvegarde, son identification, sa documentation, sa transmission aux générations futures, sa protection, sa promotion au niveaux local, régional, national et international sont une nécessité.
Pour remédier à cette situation, un projet de loi relatif à la protection, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel, a été élaboré par le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et il est actuellement engagé dans le processus d’adoption.
Une table ronde sur la protection juridique du patrimoine culturel matériel et immatériel sera organisée ce 28 janvier à Rabat, associant universitaires et professionnels des métiers du patrimoine, dans l’optique d’accélérer l’actualisation de la loi 22-80 après 40 années de sa mise en application, dans la continuité d’une réflexion collective menée par le Ministère avec la Fondation pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel de Rabat.
Le Ministère a également présenté deux projets de loi relatifs aux musées et à la Fondation Nationale des Musées, actuellement en discussion à la 1ère chambre, visant à renforcer les missions de cette institution quant à la création de nouveaux musées, au contrôle de l’appellation « musée », et à la préservation et la promotion du patrimoine matériel et immatériel, notamment pour ce qui concerne la récupération des pièces ethnographiques et archéologiques dont la saisie ou la confiscation a été décidée par la justice.
Au début de l’année, un appel d’offre pour une étude stratégique a également été lancé par le Département de la Culture, notamment pour évaluer différents scénarios pour le renforcement de la Direction du Patrimoine Culturel au sein du Ministère, y compris la possibilité de la faire évoluer vers un modèle d’agence.
Vers le renforcement de la Direction du Patrimoine
Si la protection du patrimoine matériel et immatériel passe par l’actualisation des législations nationales et le renforcement des institutions culturelles nationales, elle nécessite aussi l’implication de tous à travers de nouveaux mécanismes qui permettront au Ministère d’instruire ces demandes et d’apporter son assistance pour le montage des dossiers.
Le nouveau projet de loi sur le patrimoine prévoit la création d’un registre national spécifique pour le patrimoine immatériel sur lequel les communautés locales, les associations de la société civile et les corporations de métiers pourront proposer l’inscription sur la liste nationale de l’inventaire par l’envoi d’une demande au Ministère assortie de renseignements sur l’élément immatériel, sa valeur culturelle et éventuellement historique, les menaces éventuelles qui pèsent sur lui et les actions proposées pour sa sauvegarde.
Le projet de loi prévoit également la création d’un dispositif en faveur des trésors humains vivants pour accorder une reconnaissance officielle à ces détenteurs de la tradition et assurer la transmission de leurs connaissances aux jeunes générations.
Le patrimoine immatériel est ici compris comme la somme des traditions orales (proverbes, contes, légendes, poèmes), des arts du spectacle (chants, danse, théâtre) des connaissances et des savoir-faire dans les domaines de la nature (la connaissance des plantes et des animaux, la médecine traditionnelle) et de l’artisanat (fabrication des vêtements, des bijoux, des instruments de musique), ainsi que toutes les pratiques sociales, les rituels et les festivals traditionnels (cérémonies rituelles, modes d’habitat, traditions culinaires, moussems).