Enquête/Maroc – Violences conjugales : les femmes plus victimes que les hommes (HCP)

Le constat est sans appel. Dans tous les espaces de vie, et pour toutes les formes de violence, les femmes sont plus victimes que les hommes, et la violence psychologique reste la forme la plus dominante, selon les résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’encontre des femmes et des hommes de 2019. 

Aussi bien pour les femmes que pour les hommes, le contexte conjugal s’avère l’espace de vie le plus marqué par la violence, puisque 53% de l’ensemble des violences subies par les femmes et 39% par les hommes sont perpétrées par le (la) partenaire intime, indique le Haut- commissariat au Plan (HCP) dans une note de présentation des résultats de cette enquête, rendue public ce mercredi 21 avril 2021.

De même, parmi toutes les formes de violence, celle psychologique reste la forme la plus dominante. Elle représente 54% de l’ensemble des violences subies par les femmes et 73% de celles subies par les hommes.

Globalement, les femmes sont plus nombreuses à subir la violence dans tous les espaces de vie et sous toutes ses formes.

Dans le cadre conjugal, si la violence subie par les hommes se manifeste surtout sous sa forme psychologique représentant 94%, celle à l’encontre des femmes se répartit sous différentes formes ; 69% psychologique, 12% économique, 11% physique et 8% sexuelle.

+ La persistance de la vision traditionnelle du partage des rôles entre hommes et femmes au sein du ménage + 

Les hommes ayant des niveaux scolaires plus avancés sont plus sensibles à la violence psychologique comparés aux autres ; 24% parmi ceux de niveau supérieur contre 17% pour les autres niveaux.

L’enquête révèle que la pauvreté, les conflits d’intérêt matériel et le manque de communication sont les principales sources de la violence dans le contexte conjugal.

Ainsi, les hommes incriminent la survenue de la violence surtout aux facteurs matériels et socio-économiques (la pauvreté et le chômage des jeunes en l’occurrence) ainsi qu’aux facteurs d’ordre relationnel, dont les problèmes de communication.

L’enquête a également fait ressortir la persistance de la vision traditionnelle du partage des rôles entre hommes et femmes au sein du ménage parmi les ruraux, les moins instruits et les anciennes générations.

Dans ce cadre, plus de la moitié des hommes sont d’accord sur le fait que « le rôle le plus important de la femme est de s’occuper des affaires du ménage» : 31% sont tout à fait d’accord et 23% sont à priori d’accord.

Concernant l’expression des opinions entre partenaires, 33% des hommes n’acceptent pas que la femme contredise l’opinion de son partenaire même si elle n’en est pas convaincue. Cette proportion est particulièrement élevée parmi les hommes ruraux (41% contre 28% des citadins), les hommes âgés de 60 ans et plus (38% contre 32% parmi les hommes âgés de 15 à 34 ans) et les hommes sans aucun niveau scolaire (44% contre 16% parmi les hommes ayant un niveau scolaire supérieur).

D’un autre côté, plus de la moitié des hommes (57%) ne sont pas au courant de l’existence de la loi 103-13 relative à la lutte contre la violence à l’encontre des femmes. Cette proportion est plus élevée en milieu rural (69% contre 51% en milieu urbain) et parmi les hommes sans niveau scolaire (74% contre 30% parmi ceux ayant un niveau supérieur).

Autre fait marquant révélé par cette enquête : Près de 50% de la population marocaine âgée de 15 à 74 ans ont subi au moins un acte de violence au cours des 12 mois qui ont précédé la réalisation de cette enquête.

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