La célébration de « Yennayer » a des fondements culturels et sociaux
Les rituels de la célébration du Nouvel An amazigh (Yennayer) ont opéré leur transition de l’espace privé à celui public, devenant désormais une pratique collective, a indiqué le chercheur à l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), Aboulkacem El Khatir.
Cette manifestation est désormais célébrée au sein des organisations de la société civile ou encore certains établissements publics, a précisé M. El Khatir dans une déclaration à MAP-Amazighe, ajoutant qu’au-delà de la simple pratique rituelle, cette célébration est porteuse d’une véritable symbolique identitaire.
Et de relever que la célébration du nouvel an amazigh a pâti d’un recul graduel pendant des décennies, avant de connaitre un renouveau culturel à la faveur de l’action menée par le mouvement amazigh, laquelle action a donné à cette manifestation des connotations symboliques tant sur le plan culturel que social.
«Id Innayer», expression du patrimoine immatériel de la société amazighe
La célébration du réveillon du nouvel an amazigh «Id Innayer» constitue l’essence du patrimoine immatériel de la société amazighe et s’inscrit dans le cadre des rituels du calendrier agraire organisant la pratique productive de l’individu ainsi que son rapport au sacré, a fait valoir Aboulkacem El Khatir.
Fêtant le passage d’une saison à une autre, la célébration de cet événement est historiquement ancienne et géographiquement répandue, non seulement au Maroc, mais dans l’ensemble des pays d’Afrique du Nord et ce sous diverses appellations, comme «Id Usggas», «Id Innayer » ou «Hagouza», a-t-il noté.
Malgré les divers aspects que revêt la célébration de cet événement selon les régions, il ne demeure pas moins vrai qu’elle repose sur des principes généraux qui sont actualisés en fonction de chaque communauté, a-t-il indiqué, renvoyant à cet égard au patrimoine ethnographique et à la tradition orale.
Ces rituels comprennent généralement la préparation de mets à l’occasion et qui varient d’une région à une autre, comme «Tagulla», « Lebssis » ou encore les plats composés de sept légumes, relève-t-il, notant que la célébration de cet événement dépend en conséquence du nouvel an agraire.
Selon certains récits, la célébration de l’année amazighe commémore la victoire des amazighs sous la conduite du roi Sheshonq contre les forces de Ramsès III dans la bataille qui a opposé les deux camps en 950 avant JC, laquelle victoire a donné lieu au sacre de Sheshong roi d’Egypte et à l’établissement de la vingt-deuxième famille pharaonique.
Pour conclure, M. El Khatir a proposé de déclarer « Id Innayer » jour férié, au même titre que les jours du 1er janvier et du 1er Moharram.