CDG analyse les risques qui pèsent sur le plan de relance économique
La mise en œuvre efficace du plan de relance économique sera confrontée à la gestion de certains risques d’ordre systémique, estime CDG Capital Insight dans une note d’analyse. L’efficacité des programmes de relance dépendra de la nature du modèle économique du pays ainsi que des mesures prises par les autorités pour garantir le bon fonctionnement du programme. « En effet, pour le Maroc, nous notons certains risques systémiques qui pourraient menacer l’impact économique du plan de relance », soulignent les analystes dans cette note intitulée « Impacts macro-économiques du Pacte national pour la relance économique et l’emploi de 120 milliards de dirhams ».
Il s’agit notamment de la canalisation des fonds injectés du côté de la demande au détriment du soutien de l’investissement et de la production. « L’orientation des fonds vers l’investissement permettrait de développer la capacité de production et de création de richesse du pays, mesurée par le PIB potentiel. Cependant, dans la mesure où les fonds alimenteraient plus la demande, principalement à travers le financement du besoin en fonds de roulement et la consommation des ménages, cela pourrait alimenter une vague inflationniste à moyen terme ».
La hausse du taux de pénétration des importations représente un autre risque systémique, à travers l’utilisation d’une part importante des fonds injectés pour l’achat des biens aussi bien d’investissement que de consommation de l’étranger, car il pourrait générer une sortie de capitaux. Ce scénario pourrait accentuer le déséquilibre de la balance commerciale et exercer une pression sur les réserves de change gérées par la Banque centrale.
Il s’agit également de l’accroissement de l’économie informelle et du marché de change parallèle qui pourrait accentuer la sortie de liquidité hors du circuit bancaire et affaiblir le multiplicateur de crédit, et par ricochet, l’apport du programme sur le plan économique.
Les analystes mettent également l’accent sur un autre risque systémique à savoir la montée des créances en souffrance. Compte tenu de la conjoncture difficile, ils relèvent que la capacité de remboursement des opérateurs économiques, particulièrement ceux opérant dans les secteurs touchés par la crise, pourrait se dégrader davantage, précisant que l’accélération observée de la hausse des créances en souffrance dans le portefeuille de crédit détenu initialement par les banques, se maintiendra probablement en 2021.
« Nous estimons à ce stade que la hausse des créances en souffrance depuis fin février 2020 pourrait coûter autour de 1 point de pourcentage aux banques en termes de ratio de solvabilité. Cet impact sera probablement amené à s’exacerber, sa sévérité sur le bilan des banques dépendra de plusieurs facteurs mais aussi particulièrement de la proportion de créances garanties par la Caisse Centrale de Garantie », ajoutent-ils.