Maroc : la hausse inattendue des prix de l’huile de table provoque la colère et l’indignation sur « la liberté des prix »

Les Marocains ont été surpris, en début de semaine, par une augmentation significative des prix de l’huile de table, une hausse d’environ 10 dirhams d’un seul coup du prix d’un bidon de cinq litres qui a poussé de nombreux internautes à appeler au « boycott » de ce produit.

Ainsi, les prix sur le marché varient entre 15,70 DH et 18,11 DH le litre et 80,28 DH et 89,84 DH pour un bidon de 5 litres.

La nouvelle hausse des prix de l’huile de table pose le problème de concilier le principe de la liberté des prix et de la concurrence, garanti par la loi régissant le marché, d’une part, et la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs, d’autre part, d’autant plus que de larges couches sociales ont un pouvoir d’achat fragile, selon le site arabophone Hespress.com.

A ce jour, le consommateur marocain ne dispose d’aucun moyen pour faire face à la hausse des prix des biens de consommation de base autre que l’arme du boycott, comme ce fut le cas en 2018 lorsque les produits de trois entreprises ont été boycottés, une option actuellement envisagée par les internautes afin de contraindre les producteurs des huiles de table à revoir leur augmentation des prix.

Pour rappel, l’article 2 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence stipule que « sauf dans les cas où la loi en dispose autrement, les prix des biens, des produits et des services sont déterminés par le jeu de la libre
concurrence », toutefois, les dispositions prévues dans cette loi n’empêchent pas les autorités d’intervenir en cas de « hausses ou de baisses excessives de prix ».

Les dispositions de la loi 104-12 « ne font pas obstacle à ce que des mesures temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé, soient prises par l’administration, après consultation du Conseil de la concurrence. »

Par ailleurs, la durée d’application de ces mesures « ne peut excéder six mois prorogeable une seule fois par l’administration », est-il souligné à l’article 4 de cette loi.

Cette dernière disposition prévue par la loi sur la liberté des prix et de la concurrence pose ainsi la question de la possibilité d’une intervention de l’Etat dans ce cas d’augmentation des prix de l’huile de table dans des circonstances normales.

Hassan Chtibi, président de l’Association de défense des consommateurs à Skhirat-Témara, a indiqué à Hespress que la réponse à la question de savoir si l’État pourrait intervenir pour contrôler les prix revient au Conseil de la concurrence, ajoutant qu’une source responsable au sein du conseil a fait savoir que cette institution « ne peut pas commenter maintenant cette question ».

Chtibi a ajouté que les consommateurs ne s’attendaient pas à cette augmentation d’autant plus qu’une grande partie d’entre eux souffrent d’un faible pouvoir d’achats aggravé, en outre, par la crise sanitaire de Covid-19.

« Les producteurs auraient dû prendre en compte la situation actuelle, qui exige une solidarité sociale », a-t-il souligné, relevant que « l’augmentation des prix est malsaine et n’est pas de bon augure ».

Quant à la question d’un éventuel recours par les consommateurs au boycott, Chtibi a précisé que « le boycott doit être organisé et non pas anarchique, répondre à un appel lancé par une partie bien connue avec des revendications bien définies. Car un boycott anarchique ne sert ni l’économie nationale ni l’industrie ».

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