Actualité – Le plus ancien Acheuléen de l’Afrique du Nord découvert à Casablanca (INSAP)
Découverte. Une équipe maroco-franco-italienne a annoncé que l’Acheuléen (culture matérielle du Paléolithique ancien), mis au jour dans la carrière Thomas I à Casablanca, date de 1,3 million d’années et est par conséquent le plus ancien de l’Afrique du Nord.
“Le début de l’Acheuléen, marqué par l’apparition de macro-outils, est considéré comme une avancée technologique majeure au cours de l’évolution humaine. L’Acheuléen fait sa première apparition en Afrique de l’Est à 1,8 millions d’années et en Afrique du Sud entre 1,6 Ma et 1,0 millions d’années. L’Afrique du Nord, pourtant riche en sites acheuléens, recèle très peu de localités documentant l’Acheuléen ancien et leur datation restait jusqu’à présent conjecturale.
L’étude, publiée le 28 juillet 2021 dans la revue Scientific Reports, apporte le premier cadre chronologique à haute résolution du plus ancien Acheuléen de l’Afrique du Nord”, a indiqué mercredi l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP).
Photo France24
L’Acheuléen le plus ancien connu au Maroc a été découvert dans la région de Casablanca, dans les dépôts de l’unité L de la carrière Thomas I, fouillés systématiquement depuis 1985 par une équipe maroco-française, précise le communiqué.
Le site, dont l’âge était estimé à environ 1 million d’années, a livré un riche corpus lithique associant objets taillés, galets naturels et restes fauniques, a détaillé la même source, expliquant que “l’objectif principal était la manufacture de macro-outils (outils triédriques, bifaciaux et hachereaux) sur de gros galets et de gros éclats de galets de quartzite collectés à proximité immédiate”.
L’assemblage comporte également la production de petits et moyens éclats en quartzite et en silex. Une partie des objets en silex caractérise une production d’éclats à tendance laminaire par une technique bipolaire sur enclume.
Une équipe internationale et interdisciplinaire a conduit des études magnétostratigraphiques et géochimiques sur la séquence pléistocène de la carrière Thomas I qui, s’appuyant sur les études lithostratigraphiques, biostratigraphiques et les datations effectuées dans les années précédentes, ont permis de construire, pour la première fois en Afrique du Nord, un cadre chronostratigraphique à haute résolution et d’établir que l’émergence de cet Acheuléen ancien remonte à 1,3 million d’années.
Le site L de la carrière Thomas à Casablanca est aujourd’hui “le plus ancien site Acheuléen de l’Afrique du Nord”, a poursuivi la même source.
“Un tel résultat permet pour la première fois à un site de cette région du monde de jouer un rôle important dans le débat actuel sur l’émergence de l’Acheuléen sur le continent africain”, a fait valoir l’INSAP.
La recherche, ayant conduit à cette publication, a été réalisée par une équipe intégrant des chercheuses et chercheurs rattachés à plusieurs laboratoires et institutions à savoir l’INSAP relevant du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports/Département de la Culture.
En France, il s’agit des laboratoires Archéologie des sociétés méditerranéennes (Université Paul Valéry Montpellier 3/CNRS/MC), du laboratoire de la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (PACEA –Université Bordeaux/CNRS/MC), CR2P (CNRS, MNHN, Sorbonne Université), de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Université Aix Marseille, CNRS, IRD), Histoire naturelle de l’Homme préhistorique (CNRS, MNHN, UPVD, Sorbonne Université, Institut de Paléontologie Humaine) et de la société Paléotime.
En Italie, ce sont les équipes du Dipartimento di Scienze della Terra “Ardito Desio” de l’Università degli Studi di Milano et du Dipartimento di Ingegneria e Geologia de l’Università “G. d’Annunzio” di Chieti-Pescara qui ont participé à cette recherche.
Ces travaux de recherche sont réalisés dans le cadre du programme maroco-français “Préhistoire de Casablanca”, développé conjointement par l’INSAP et l’université Paul Valéry Montpellier 3, selon le communiqué.
L’étude magnétostratigraphique a été réalisée par le Dipartimento di Scienze della Terra “A. Desio” de l’Università di Milano et financée par le Dipartimenti di Eccellenza 2018–2022’ du Ministero dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca (Italia).
Le programme a également bénéficié du soutien de la région Aquitaine, de l’Université de Bordeaux, du Collège de France, du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et du Department of Human Evolution du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig (Allemagne).