Le marché de l’optique au Maroc entre croissance et fragilité

Le marché de l’optique au Maroc est un marché à fort potentiel de croissance en raison de l’urbanisation accrue et l’utilisation de plus en plus fréquente des écrans et des outils numériques, et donc d’un besoin grandissant de protection des yeux.

Il semble, à première vue, qu’il s’agit d’un marché de renouvellement important et d’un secteur prometteur mais qui, en réalité, se heurte à des fragilités persistantes liées notamment à l’organisation des filières d’importation et de distribution, au contrôle des tarifs, au marché parallèle et à la formation des opticiens.

Le secteur, qui joue un rôle crucial au sein de la filière de la santé visuelle, souffre aussi d’une rareté aveuglante d’informations exactes et de statistiques récentes concernant le chiffre d’affaires, les prix, le nombre des opticiens et fournisseurs agréés…etc.

Jaouad Hattani, président de l’Association marocaine des fournisseurs d’optique (AMFO), relève ainsi que « le marché de l’optique marocain est en pleine évolution eu égard à plusieurs facteurs, mais reste quand même fragile ».

« Estimé à quelque 2 milliards de dirhams, verres, montures et autres équipements compris, le secteur compte environ 80 importateurs et 3.000 opticiens », chiffres jugés faibles par rapport à l’évolution démographique de notre pays.

« Avec quelque 500 ophtalmologistes dans le secteur public et autant dans le privé, et un ratio de 1 opticien pour 13.000 habitants », le secteur de l’optique aurait du mal à avancer, estime Jaouad Hattani.

L’informel : nuisance à la concurrence et à la santé

Le marché marocain des lunettes est fortement plombé par les produits d’entrée de gamme en provenance notamment de Chine et de contrebande. Les opticiens qui pratiquent légalement souffrent énormément d’une concurrence déloyale de la part des circuits informels comme les Kissariats de Derb Ghallef et de Chaouia à Casablanca.

« Ce problème a été presque résolu en matière des verres optiques », a fait savoir le président de l’AMFO, notant que l’importation des verres, considérés désormais en tant que dispositifs médicaux, est soumise depuis deux ans à une procédure administrative et à des conditions strictes du ministère de la Santé.

En effet, les importateurs verriers sont obligés de présenter un dossier complet auprès du ministère, a-t-il dit, mais « malheureusement cette procédure peut prendre des mois pour validation », ce qui peut pénaliser les opticiens qui, en attendant l’autorisation d’importation, pourraient supporter des charges supplémentaires avant de commencer leur activité.

Les ventes en ligne notamment des lentilles de contact devraient aussi être réglementées.

Sachant que près de 80 % des produits d’optique au Maroc proviennent de l’importation, la multiplication des intermédiaires entre importateurs et grossistes, avec toutes les marges que chacun applique, mène en fin de compte à des prix perçus comme trop élevés chez les opticiens.

Parmi les freins qui bloquent aussi le développement du secteur, il y a lieu de citer la politique de remboursement des dépenses d’optique.

« Plafonné actuellement à environ 850 dirhams, le taux de prise en charge des lunettes n’encourage en rien les consommateurs à aller vers les magasins organisés mais les pousse au contraire à renoncer à l’achat ou opter pour des lunettes ou lentilles bon marché commercialisées généralement à travers les circuits informels.

Le chantier de la généralisation de la couverture sociale s’avère donc une opportunité pour le secteur. Sa concrétisation nécessite, entre autres, une bonne gestion des circuits d’approvisionnement et de distribution ainsi qu’une restructuration de toute l’offre de formation et des conditions d’exercice de la profession. Il s’agit aussi d’instaurer des prix de référence, notamment pour les verres, garantissant un minimum de transparence et des tarifs accessibles à de larges franges de la population marocaine.

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